Sainte-Marie-Aux-Mines, berceau du mouvement Amish

Origines du mouvement Amish

Les origines du mouvement Amish se situent au 16ème siècle dans la branche anabaptiste-mennonite de la Réforme.

Les mennonites ne sont certes pas très connus, mais de même que l’on parle de luthériens ou de calviniste en mémoire de Luther ou de Calvin, les mennonites tirent leur nom – malgré eux – de Menno Simons, prêtre et réformateur hollandais (1495 – 1561).

Malgré eux, car la véritable origine de leur mouvement se situe en Suisse en 1525. A Zurich, la réforme amorcée par Zwingli subissait ses propres soubresauts : des divergences profondes apparaissent entre les réformateurs, telles que la séparation de l’Eglise et du Pouvoir, l’usage de la violence ou la pratique du baptême.

Au coeur du débat, Conrad Grebel et Félix Mantz, théologiens proches de Zwingli, Michaël Sattler, ancien prieur du couvent de Sankt Peter en Forêt Noire et co-rédacteur de la première confession de foi du mouvement intitulée « Entente Fraternelle » en 1527, Pilgram Marpeck, ingénieur originaire du Tyrol, employé par la ville de Strasbourg et fervents défenseurs de la non-violence, et bien d’autres. Ils s’engagèrent dans la voie d’une Eglise plus conforme aux communautés chrétiennes des premiers siècles.

Ceux qu’une réflexion approfondie avait mené à refuser le baptême d’enfants et à ne reconnaître que le baptême d’adultes sur confession de foi en DIEU par Jésus le CHRIST furent surnommés « anabaptistes », c’est-à-dire rebaptiseurs. Persécutés, ils émigrèrent vers l’Allemagne, l’Alsace, le Pays de Montbéliard, la Hollande, où les autorités étaient disposées à les accueillir.

Le cours de l’histoire amena leurs descendants à fuir encore vers d’autres pays et d’autres régions, comme la Russie, l’Amérique du Nord et du Sud…

Naissance du mouvement Amish

Sainte-Marie-aux-Mines, dépendant de la seigneurie de Ribeaupierre, accueillait au XVIIème siècle un grand nombre de réfugiés aussi bien réformés huguenots qu’anabaptistes.

Ces deux communautés sympathisaient entre elles et avaient même des célébrations religieuses communes.

C’est dans ce « Val d’Argent » que le mouvement Amish vit le jour en 1693 sous l’impulsion de Jacob Amann, un prédicateur suisse, natif du Simmental.

Selon sa conviction, l’assemblée chrétienne devait vivre en s’inspirant des principes puisés dans la Bible et tels qu’ils étaient compris et adoptés par les anciens pasteurs des assemblées.

Cette communauté chrétienne, identifiée sous le nom de « Amish » s’apparente davantage à un ordre religieux qu’à une Eglise classique, en raison de l’entraide et de la discipline vécues activement et volontairement au sein du groupe, ce qui la distingue fondamentalement des autres Eglises.

A la révolution, l’instauration du service militaire obligatoire en France, précipita l’émigration des Amish vers le Nouveau Monde, ceux qui restèrent en Europe se joignirent progressivement et jusqu’au nos jours au mouvement mennonite plus progressiste. Désormais la France et plus largement l’Europe n’offraient plus de place à une telle communauté chrétienne.

Il n’en demeure pas moins que le mouvement Amish, aujourd’hui bien implanté en Pennsylvanie et en d’autres états et contrées nord-américaines, est issu pour une partie de cette région d’Alsace.

Il s’inscrit dans l’histoire comme une branche du mouvement anabaptiste et présente de nombreux lien avec les Eglises Mennonites, notamment dans le domaine de l’aide en faveur des déshérités dans le monde.

Et aujourd’hui ?

Les Mennonites

Aujourd’hui, les mennonites s’identifient avec les Eglises qui se réclament des principes anabaptistes et qui, grâce au travail missionnaire et social, discret et patient, se sont implantées sur tous les continents. Vivre en communion est exigeant. Il faut de la cohérence, du réalisme et de la persévérance. C’est un apprentissage qui demande foi, espérance, confiance, pardon et amour fraternel. Ce processus doit commencer chez soi et dans les assemblées locales. Prendre part ensuite à la communion mondiale, avec tout ce que cela implique, contribue à la croissance de la vie et du témoignage des communautés. C’est là le défi à vivre comme espérance du futur. Au niveau mondial, Le mouvement compte plus de 2 millions de membres adultes baptisés, dont 628.000 en Amérique du Nord, 840.000 en Afrique, 442.000 en Asie. Les plus grands groupes se trouvent aujourd’hui dans l’hémisphère sud.

En France, les mennonites sont environ 2.100 répartis dans une trentaine d’assemblées localisées en grande partie dans un grand quart nord-est du pays. Ces assemblées sont regroupées dans l’Association des Eglises Evangéliques Mennonites de France (AEEMF). Principalement dirigée par des laïques, chaque assemblée locale est autonome. Divers ministères y sont exercés : anciens (leurs pasteurs), prédicateur, diacre… Les membres résident généralement dans un rayon d’une trentaine de kilomètres du lieu de culte, où l’assemblée se réunit chaque dimanche pour la célébration dominicale. Les membres viennent en famille, les enfants et les jeunes se retrouvent pour un enseignement adapté à leur âge. L’engagement social des mennonites se traduit depuis de nombreuses années par leur implication dans le développement et la gestion d’établissements en faveur de handicapés, de personnes âgées, et d’enfants placés par les Services Sociaux. Diverses actions sont menées en faveur de victimes de cataclysmes, de guerres et contre la pauvreté dans le monde.

Les Amish

Les Amish vivent essentiellement à la campagne, ils sont agriculteurs, artisans, commerçants, etc. Ils n’ont pas de lieux de cultes spécifiques mais leurs demeures sont généralement conçues pour recevoir du monde. Alternativement ils se retrouvent pour une journée d’assemblée où la lecture de la Bible et les commentaires occupent une large place, entrecoupés de cantiques anciens. Les journées d’assemblée sont aussi l’occasion de s’entretenir de bien des sujets. C’est le lieu de la communion et de la communication. Les Amish se caractérisent par la mutualisation du risque : l’assemblée remplace l’assurance en cas d’hospitalisation ou quand l’incendie cause des dommages importants. Qu’un séjour à l’hôpital devienne nécessaire, et c’est le groupe qui assume le risque, qu’un incendie se déclare, et dès le lendemain, la communauté se retrouve sur les lieux du sinistre, range, nettoie et évacue les décombres avant d’entreprendre la reconstruction. Les hommes sont sur le chantier, les femmes préparent le repas : le sinistre se transforme en fête communautaire.

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